mardi 16 février 2010

INSOMNIA

La musique a arraché mon pansement, laissé la blessure s’irriter aux frôlements de mes déceptions. Ça brûle, ça hurle, ça s’agite au ras des cils mais aucune larme n’est assez courageuse pour se jeter à l’eau et dégringoler la pente. Mes cernes sont des pistes noires, mon visage est brûlant. Le reste n’est que de la neige fondue. Du khôl sur la rétine, ma vue se brouille, ma vie s’embrouille. Mes rêves sont gonflés à l’hélium. Quelqu’un a coupé la corde qui les reliait au bout de mes doigts.

La fumée a noircit un peu plus la nuit. Trait de fusain sur un monde déjà impur qui a sombré dans le sommeil. Je descends les marches sous la pluie. Humidité, acidité, la lueur des réverbères transforme en éclats de miroir les gouttes qui perlent sur ses longs cils. Kaléidoscope de sensations vassillant entre agréable et insupportable. Le bruit de l’eau contre l’eau résonne en écho sourd. Je lève le menton vers le ciel. Pas de point lumineux ce soir. Pas de repères. Pas de témoin d’une vie éparpillée comme des vieux clichés sur le sol. Enivrée, je me laisse bercer par le gémissement du fleuve sous mes pieds. Je voudrais sombrer dans cette masse sombre et chaotique… Mes paupières se pressent l’une contre l’autre pour ne plus laisser passer une seule lueur. Introspection. Minutes qui coulent. Je m’enfuis où je peux mais sans cesse, il y a cet air conditionné. Vulgariser. Tout. La déchéance. À l’encre de ma plume, au sang de ma bouteille. Décider de partir un jour pâle, faire carrière dans la plume et la bouteille. Et que cela déplaise, y aller jusqu’au bout.

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