mardi 16 février 2010

La prochaine fois sera la bonne


J’ai déchiré toutes les pages où je ne m’inspirais que des frustrations et des peines par lesquelles je suis passée. J’ai eu mal, mal à en crever, cet instant de lucidité a causé ma perte et je m’en veux. J’ai le spleen si facile… Ce foutu spleen contagieux, foutu Baudelaire, il me suffit de regarder des mots pour sombrer dans une démence sans logique. Je voudrais en sortir, aidez-moi. Mais je me cloître contre ces mots, comme pour avoir plus chaud. Même les mots coupants, j’en voulais bien, figée par cette impression de ne tenir que grâce à eux-. Quand on commence à vivre comme des ermites, on le devient vite. Et il ne reste que moi ; moi qui écris mon incurable mal de vivre sur ces feuilles vierges et sales. Si j’y reviens souvent, je ne le fais néanmoins pas exprès. Le blanc de ma feuille m’inspire le vide que j’imagine dans vos têtes : l’ennui. Le spleen, elle voit le spleen. Partout. Je vomis sur son reflet, les mots des autres me répugnent de moi-même. Le coeur en miettes, vous ne comprenez pas ce que je recherche. J’ai le spleen, le temps est gris et les jours sont froid, le silence fait bourdonner mes oreilles. Je m’enterre vivante sous ce spleen si ridicule, les douleurs du passé s’éteignent avec lui. Exténuée, je crève en dedans de ma carcasse. Les secondes sont longues, le coeur saignant, la plaie déchirée et infectée. Il n’y a plus de cigarette et plus rien dans le frigo depuis des semaines. Ma tête est une bulle d’air, mon regard est ennuyé, ma vie est narcotique mais je n’arrive pourtant toujours pas à trouver le sommeil. Spleenéatique. Rire me semble de plus en plus compliqué et sans intérêt, je réussis à survivre sans. Les phrases qui me sont adressées ne sont plus rien qu’un arrière fond de bruits. Les gens me paraissent tellement stupides. C’est un tourbillon de vide ; hypnotique et assomant. Et j’analyse tout autour de moi, pour passer le temps, les gens et leurs comportements. Je crois pouvoir affirmer avoir choisi ma vie, du moins de la plus grande part que j’ai pu la prendre ; il me semble avoir toujours fait les choix qui constituaient un élément de plus ajouté à mon bien-être. Et pourtant tout me détruit.

[No layin’, ain’t no layin’ if I cannot lay on you.]

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